Je ne suis pas ce que tu crois : l’écriture comme réponse douce (ou pas)
Il y a des phrases qu’on n’oublie pas. Un “Tu es trop sensible”, glissé comme un reproche. Un “Tu te fais des films”, balancé comme une vérité générale. Ou le fameux “T’es toujours dans ta bulle”, qui te donne presque envie d’y rester pour de bon, avec une tisane et un plaid.
Et là, le mot-clé principal débarque dans toute sa splendeur : je ne suis pas ce que tu crois. Voilà. C’est dit. Et si on l’écrivait, pour de vrai ?
Parfois, on répond. Parfois, on laisse passer. Et souvent, on rumine (sans être une vache à lait pour autant). Mais si tu prenais un stylo pour ça ? Pas pour t’énerver sur trois pages, non. Pour remettre ton identité à l’endroit, comme on retourne un pull mal mis. Un bon vieux moment d’écriture introspective, avec un soupçon d’ironie et une grosse louche de vérité.
Écrire à quelqu’un qui t’a mal jugé, c’est pas juste un exercice d’ego. C’est un retour aux sources. À toi. C’est de l’expression de soi par les mots, mais version “chaussons et chocolat chaud”. Le genre d’atelier d’écriture qu’on fait sans pression, mais avec un sourire en coin et un fond de musique qui sent bon l’automne.
Alors voilà ce que je te propose : un petit moment suspendu. Une lettre que tu n’enverras peut-être jamais, mais qui fera du bien là où ça fait mal. Tu peux t’autoriser à être drôle, piquant, touchant ou absurde. Ce texte sera le tien, entièrement. Et dans cette réponse à celle ou celui qui t’a collé une étiquette aussi mal taillée qu’un jean des années 2000, tu vas respirer. Vraiment.
On y va ? Allez. C’est l’heure d’écrire ce que tu n’as jamais dit — ou pas encore.
Ces étiquettes qu’on nous colle (et qui ne nous vont pas au teint)
Il y a des gens, leur hobby préféré, c’est de distribuer des étiquettes comme on jette des miettes de pain aux moineaux.
Tu arrives quelque part, tu dis trois mots, et bim : “timide”. Tu refuses une sortie un soir ? “Asocial·e”. Tu dis que t’écris ? “Poète torturé·e”. Alors que toi, t’es juste tranquille avec ton carnet et ton envie de comprendre ce qui te traverse.
Les étiquettes, c’est pratique. Ça rassure. C’est rangé, ça ne dépasse pas. Mais toi, tu dépasses. Et c’est bien là le problème (ou la bonne nouvelle, selon l’angle). Quand on te case, c’est rarement dans un espace cosy avec vue sur l’âme. Non, c’est plutôt du genre boîte à chaussures un peu étroite, sans fenêtre ni droit de réponse.
Et si cette réponse, justement, tu la formulais autrement ? Avec ta plume. Ton style. Tes mots, pas ceux qu’on te prête.
Écrire pour dire ce qu’on n’a jamais osé dire

Ils ne se parlent plus… sauf avec un stylo.
Tu l’as peut-être déjà fait en pensée. Sous la douche. En voiture. Dans ce moment précis où la conversation est terminée depuis trois heures, mais que ton cerveau, lui, rejoue la scène en boucle. Ce “Ah mais j’aurais dû lui dire que…”
Eh bien, tu vas le dire. Et tu vas écrire à quelqu’un qui t’a mal compris, mal jugé, mal résumé. Tu vas sortir le grand jeu : celui de la libération émotionnelle par les mots.
Mais attention, pas besoin de se transformer en justicier des sentiments. Tu peux écrire avec humour. Tu peux même faire parler ton moi intérieur comme s’il sortait tout droit d’une pièce de théâtre. Tu peux écrire au passé, au présent, ou même à la deuxième personne du pluriel si ça t’amuse. Tant que c’est toi. Sans filtre. Ou presque.
Et surtout : pas besoin de convaincre l’autre. Ce n’est pas un procès. C’est une prise de parole pour toi. Comme une lettre que tu glisserais dans une bouteille, que tu lancerais dans l’océan de ta vie avec un clin d’œil. Peut-être qu’elle reviendra. Peut-être pas. Mais entre-temps, tu auras écrit. Et tu auras respiré.
L’atelier : réponds à quelqu’un qui t’a mal jugé
Voici l’exercice. Rien de compliqué. Pas de règles de versification ou de grammaire de haute voltige. On est là pour s’exprimer, pas pour décrocher le Goncourt.
Temps conseillé : 15 à 30 minutes (ou plus si tu es lancé·e).
Matériel : un carnet, une feuille volante, ton ordi, la nappe blanche de tante Lucette… ce que tu veux.
Thé ou café : optionnel, mais conseillé (c’est un atelier, pas une punition).
Consigne d’écriture :
Écris une lettre, un message, un poème ou même un monologue intérieur, adressé à quelqu’un qui t’a mal compris, jugé, réduit à une image fausse. Ce peut être une personne précise (que tu connais ou non), un groupe, une époque de ta vie.
Tu peux :
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Répliquer avec humour ou ironie,
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Déconstruire ce qu’on a projeté sur toi,
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Rétablir ta vérité, ton point de vue,
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Reprendre les mots qu’on t’a dits et les retourner comme une crêpe,
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Réécrire la scène avec une fin différente,
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Ou simplement exprimer ce que tu aurais aimé dire.
N’oublie pas : ce texte est pour toi. Tu ne le partageras que si tu en as envie. Et personne ne viendra te dire que ce que tu ressens est “exagéré”.
Et si tu veux un exemple un peu décalé :
“Chère collègue qui m’a dit que j’étais ‘trop calme’, sache que je suis une tempête silencieuse, un volcan à l’arrêt, un tsunami en chaussons. Et je t’embrasse. Non, en fait. Je t’emmerde. Et si tu savais ce que je pense de toi, tu en dirais dix fois plus sur mon compte…”
À quoi ça sert, tout ça ? (Spoiler : pas à devenir écrivain. Enfin, sauf si…)
Tu te demandes peut-être à quoi bon gribouiller tout ça dans ton coin, alors que la personne concernée ne lira jamais ces lignes (ou alors seulement dans tes rêves de revanche douce et littéraire).
Eh bien figure-toi que l’écriture a un superpouvoir : elle remet les choses à l’endroit.
Elle t’aide à t’écouter quand le bruit des autres a pris un peu trop de place. Elle fait du tri. Elle libère des émotions que tu pensais bien rangées au fond d’un tiroir (tu sais, celui qui coince un peu, là, dans le coin gauche du cœur). Et surtout : elle t’appartient. Elle ne juge pas, ne coupe pas la parole, ne t’interrompt pas pour dire « Oui mais moi je pense que… »
Elle te laisse poser ce que tu veux, comme tu veux, quand tu veux.
On appelle ça l’écriture thérapeutique, mais franchement, le mot fait un peu sérieux pour ce qu’on fait ici. Disons plutôt : un moment à toi, pour exprimer ce que tu es, ce que tu ressens, ce que tu refuses de laisser définir par d’autres. Et entre nous, si tu veux devenir écrivain·e après ça, personne ne t’en empêchera. Mais là, tout de suite, l’idée, c’est juste de t’offrir une petite respiration. Juste pour éviter l’envol d’une pile d’assiettes ou du pot à crayons.
Et si tu t’écrivais à toi-même, tiens ?
Parce que parfois, la personne qui nous juge le plus durement… c’est nous.
“Je suis nul·le.”
“J’aurais dû réagir autrement.”
“Pourquoi j’ai dit ça ?”
Tu connais, hein ?
Alors pourquoi ne pas écrire à toi ?
À celle ou celui que tu étais quand c’est arrivé.
À l’ado qu’on a traité de “bizarre”.
À l’adulte qu’on pense “trop” ou “pas assez”.
À toi, là, maintenant, qui a besoin d’un petit coup de plume dans le dos pour avancer.
Tu peux reprendre le même exercice que plus haut, mais en changeant de destinataire.
Et tu verras, parfois, se parler à soi-même, c’est plus libérateur qu’une séance chez le psy (et en plus, tu n’as pas à sortir ta carte bancaire).
Garder une trace… ou tout brûler : tu fais comme tu veux
Une fois ton texte écrit, tu as le droit de :
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Le relire dix fois avec un sourire satisfait ;
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Le plier en quatre et le glisser dans une boîte secrète ;
-
Le lire à voix haute à ton chat (ou à ton ficus, soyons inclusifs) ;
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Le publier sur ton blog, ton frigo ou ton journal intime ;
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Le brûler (avec prudence et un seau d’eau à proximité, évidemment) ;
-
Le garder comme un petit talisman de mots vrais.
L’important, c’est que tu choisisses ce que tu veux en faire.
Ton texte t’appartient. Tu n’as pas besoin d’en faire quelque chose d’utile ou de rentable (même si tu veux en tirer un roman, on en reparle).
Tu peux simplement le laisser exister.
Et maintenant ? On se revoit ?
Si cet atelier d’écriture t’a fait du bien, tant mieux.
Si ça t’a donné envie d’en écrire d’autres, encore mieux.
Et si tu es en train de penser “Oh, j’enverrais bien ce lien à ma sœur / mon thérapeute / mon collègue relou qui parle trop fort”, je t’en prie, fais-toi plaizzzz.
Ici, l’idée, c’est que tu trouves un espace bienveillant, où tu peux venir déposer tes mots sans avoir besoin de demander la permission.
Un coin d’Internet où on aime l’humour, la sincérité, et les gens qui parlent tout seuls à leur carnet.
Alors reviens quand tu veux. Et si tu veux un jour qu’on écrive ensemble — pour toi, pour ton site, pour ton projet — eh bien… on verra.
Mais pour l’instant, prends soin de toi. Et n’oublie pas : tu n’es pas ce qu’on croit. Tu es bien plus que ça.
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