Écrire à sa solitude : une invitation à se retrouver

Écrire à sa solitude, sérieusement ? Oui, sérieusement. Et tendrement aussi. Parce qu’au fond, cette drôle de colocataire silencieuse, souvent gênante, parfois pesante, mérite peut-être qu’on lui adresse quelques mots. Pas pour se plaindre (quoique), mais pour mieux comprendre ce qu’elle nous chuchote quand plus personne ne parle.

On pourrait croire que la solitude est un désert. Mais non, elle ressemble plutôt à une cabane un peu reculée, avec du silence, du thé tiède, et pas mal de souvenirs qui grincent. Et parfois, quand on s’installe dans cette cabane avec un carnet ou un clavier, il se passe un truc étrange : on commence à écrire… et on découvre qu’on n’est pas si seul que ça.

Dans ces moments-là, écrire pour soi devient une évidence. On pose ses émotions sur le papier comme on viderait ses poches en rentrant chez soi. Un mot ici, un soupir là. L’écriture émotionnelle ne cherche pas à faire joli, elle cherche à faire vrai. Et tu sais quoi ? Ça fait un bien fou.

Alors aujourd’hui, j’ai envie de t’emmener dans ce petit coin d’intimité, là où les phrases s’écrivent pour tenir chaud, pour apaiser, pour réconcilier. On va parler solitude choisie, lettres qu’on n’envoie pas, et journal intime adulte — si, si, ça existe encore, et c’est bien plus stylé qu’il n’y paraît.

Car au fond, écrire à sa solitude, c’est surtout écrire à soi-même. Et cette écriture thérapeutique, c’est probablement l’une des meilleures conversations qu’on puisse avoir.

Quand la solitude devient une interlocutrice

On a souvent tendance à vouloir fuir la solitude comme on éviterait un ex mal luné au marché du samedi matin. On baisse les yeux, on fait mine de ne pas l’avoir vue, on s’invente une excuse pour sortir, appeler quelqu’un, même son banquier, c’est dire. Pourtant, à force de la repousser, on oublie un truc essentiel : la solitude, si on l’écoute un peu, peut se révéler étonnamment bavarde.

Bien sûr, elle ne tape pas à la porte avec un bouquet de fleurs. Elle est plus discrète que ça. Elle arrive quand la maison se vide, quand le téléphone se tait, quand on éteint la radio “juste deux minutes”. Elle s’assoit. Elle attend. Et si, au lieu de la snober, on lui parlait ? Si on lui écrivait ? Comme à une vieille amie un peu négligée.

Écrire ce qu’on ne dit pas, c’est un art ancestral. Les lettres qu’on n’envoie pas ont sauvé plus de gens qu’on ne le croit. Pas besoin d’être Proust ou Virginie Despentes. Il suffit d’un carnet et d’un stylo (ou d’un clavier et de trois doigts motivés). La solitude devient alors une interlocutrice muette mais accueillante. Elle ne coupe jamais la parole, elle ne te juge pas quand tu parles en rond, et elle garde tous tes secrets. Mieux que ton psy. Et moins cher.

Et tu sais quoi ? Plus on écrit, plus elle s’humanise. La solitude perd son costume de croque-mitaine pour devenir… une silhouette familière. Pas forcément agréable tous les jours, mais pas hostile non plus. Parfois, elle t’inspire même une idée, un souvenir, une vérité que tu avais planquée derrière un vieux pot de confiture émotionnelle. C’est dire.

Et c’est là que se glisse, mine de rien, la magie de l’écriture émotionnelle : elle transforme la solitude en présence. En miroir. En confident.e (oui, même les solitudes ont des genres fluides, on ne juge pas). Alors non, tu ne te parleras peut-être jamais à voix haute devant un miroir. (Quoique). Mais écrire à ta solitude ? Ça, c’est une conversation qui vaut le détour.

L’écriture émotionnelle : un espace sûr pour déposer ce qui pèse

Personne adulte écrivant une lettre seule dans une pièce chaleureuse, entourée de livres, plantes et lumière douce.

Parfois, une tasse de thé, une plante et un carnet suffisent à tenir compagnie.

Tu sais, on ne parle pas assez du poids des choses qu’on ne dit pas. Les petites douleurs du quotidien, les doutes qui grattent, les colères qui font la sieste sous le tapis. On les garde pour plus tard, comme des chaussettes dépareillées qu’on remettra un jour. Sauf que plus tard, c’est souvent jamais. Ou pire, c’est trop tard.

C’est là que l’écriture émotionnelle entre en scène, discrètement, comme une lampe de chevet qu’on allume quand la nuit tombe un peu trop tôt. Écrire pour soi, c’est créer un espace où tout peut sortir. Sans filtre, sans peur, sans obligation de bien formuler. Un espace refuge. Un endroit à l’abri de l’extérieur, mais ouvert à tout l’intérieur.

Poser ses émotions sur le papier, c’est comme vider son sac… sauf qu’on n’égare rien, et qu’on peut relire plus tard ce qu’on n’osait même pas penser à voix haute. C’est intime, c’est brut, c’est vivant. Et surtout, c’est salutaire. Certain·es tiennent un journal intime adulte (oui, adulte, parce que parler de sa solitude à 40 ans n’a rien d’ado). D’autres griffonnent sur un coin de nappe ou dans l’appli Notes de leur téléphone à 2h du mat’. Peu importe la forme, tant que le fond est vrai.

Ce type d’écriture ne cherche pas à être lu. Il cherche à libérer. À transformer. À apprivoiser. On y écrit ce qu’on ressent, ce qu’on ne comprend pas encore, ce qu’on n’a jamais osé dire à personne, même pas à soi. Et tu sais quoi ? Ça allège. Un peu comme quand tu cries dans l’eau et que personne ne t’entend… sauf toi.

Et puis, au fil des pages, on découvre que ces mots posés là, à la va-comme-j’te-pousse, dessinent un chemin. Un fil rouge entre ce qu’on vit et ce qu’on est. Un genre de carte au trésor intérieure, avec ses zones floues, ses larmes séchées et ses sourires revenus de loin.

Bref, l’écriture émotionnelle, c’est pas un luxe de poète. C’est une nécessité discrète, une hygiène mentale, une respiration pour l’âme.

Lettre à ma solitude : une mise en mots libératrice

Il y a des jours où j’ai eu envie de l’envoyer balader, cette solitude. De lui dire : « Va donc hanter quelqu’un d’autre ! » Et puis, il y a eu ces autres jours. Ceux où elle m’a offert un silence précieux, un moment suspendu, une bulle à l’écart du bruit du monde. Alors un jour, j’ai pris un stylo. J’ai écrit à ma solitude comme on écrirait à une vieille connaissance, qu’on n’a jamais vraiment comprise, mais qu’on n’a jamais complètement oubliée non plus.

Chère solitude,

Tu es arrivée sans prévenir, comme toujours.
J’ai d’abord cru que tu venais me voler quelque chose,
mais tu m’as simplement tendu un miroir.

Tu m’as laissé du temps, et parfois du vide.
Mais aussi des silences pleins de sens,
et des nuits où j’ai enfin pu m’écouter respirer.

Tu n’es pas toujours facile,
mais tu es honnête.

Alors voilà. Je t’écris,
pour ne plus te fuir,
pour apprendre à t’accueillir,
et peut-être même… à t’aimer un peu.

Écrire cette lettre, ce serait comme vider une valise qu’on n’a jamais ouverte depuis des années. Il y avait des choses cabossées dedans, des souvenirs qui piquent, et quelques pépites aussi. C’était étrange, beau, parfois inconfortable. Mais surtout, c’était libérateur.

Cette lettre ne finira jamais dans une boîte aux lettres (elle n’a pas d’adresse, la solitude. De plus, La Poste se libère de quelques tâches). Mais elle m’a permis de poser des mots là où il n’y avait que des sensations confuses. Et tu sais quoi ? On peut tous écrire ce genre de lettre. Même si on n’a pas l’habitude. Même si on trouve qu’on écrit mal. Même si on a oublié comment on se sent, exactement.

Écrire à sa solitude, c’est se donner un espace de parole intime. C’est apprendre à nommer ce qui nous traverse. Et c’est souvent le premier pas vers quelque chose de plus doux.

Écrire pour soi, simplement… et profondément

Au fond, tout cela tient peut-être à une seule idée : on n’a pas toujours besoin d’être lu pour que l’écriture fasse du bien. Écrire pour soi, c’est une pratique silencieuse, un peu secrète, comme une promenade dans un lieu qu’on connaît par cœur mais qu’on redécouvre à chaque saison.

D’abord, il faut accepter de ne pas savoir exactement ce qu’on va dire. Ce n’est pas grave. L’écriture émotionnelle ne se planifie pas comme une recette de cuisine. Elle se laisse venir. Elle émerge quand on lui laisse un peu d’espace — entre deux rendez-vous, au petit matin, ou le soir, quand le monde ralentit.

Ensuite, il y a cette étape étrange où les mots sortent sans qu’on sache trop d’où. Ils arrivent par vagues, parfois par fragments. On parle à sa solitude, à ses peurs, à ses envies muettes. Et soudain, ça prend forme. C’est là, devant soi, écrit noir sur blanc. Une pensée qu’on n’avait jamais formulée devient une phrase. Et cette phrase devient un repère.

Ainsi, l’écriture devient un refuge. Un lieu où l’on peut déposer ses bagages sans se justifier. Où l’on peut écrire ce qu’on ne dit pas. Ce qu’on n’a jamais su dire. Ou ce qu’on n’a encore jamais eu le courage d’avouer. Même pas à soi.

Mais surtout, écrire pour soi, c’est apprendre à se relier à soi-même. Ce n’est pas une introspection lourde ni une séance de thérapie en solo (même si, entre nous, parfois ça y ressemble un peu). C’est plutôt un rendez-vous avec soi. Un de ceux qu’on n’annule pas.

Et même si l’on n’écrit que trois lignes. Même si l’on ne relit jamais ce qu’on a écrit. Ce moment-là a existé. Il a ouvert une brèche. Il a laissé passer quelque chose.

Finalement, on n’écrit pas pour devenir écrivain. On écrit pour se retrouver. Et si, dans ce face-à-face avec ta solitude, tu découvres une voix — la tienne — alors crois-moi, tu n’étais pas seul.

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