Samuel Debroise, maraîcher bio à Fercé : cultiver la terre, les saisons… et les liens

Il aurait pu devenir astrophysicien. Il est finalement devenu maraîcher bio. Mais attention : pas un maraîcher “bio marketing”, avec logo vert et discours tout prêt. Non. Samuel Debroise cultive le vivant comme on cultive une philosophie de vie : avec sincérité, écoute, humilité… et parfois deux chèvres en embuscade.

Installé à Fercé, près de Châteaubriant, il fait pousser une quarantaine de légumes et une dizaine de fruits de saison, sur une petite surface, avec ses mains, son cœur, et sa propre vision de l’agriculture. Rencontre avec un maraîcher bio à Fercé, enraciné, libre et profondément humain.

Un parcours de reconversion, nourri de choix

Samuel n’a pas toujours eu les pieds dans la terre. Il a grandi sur Rennes puis en région parisienne, et a longtemps exercé d’autres métiers. Et puis un jour, quelque chose a changé. Le visionnage de deux documentaires – Attention danger travail et Volem rien foutre al païs, de Pierre Carles – agit comme un déclic. “Je me suis dit que je pouvais vivre autrement. Que je pouvais reprendre la main sur ma vie.”

Il quitte la ville, se forme en travaillant chez d’autres agriculteurs, et rêve de son propre projet. Pas une ferme modèle, mais une ferme vivante, à taille humaine. Il finit par poser ses bottes à Fercé en 2018, sur un terrain brut, sans bâtiments agricoles, sans subvention, avec un diplôme agricole récent, et avec une volonté bien enracinée.

Une micro-ferme pensée avec le cœur (et deux bras)

Aujourd’hui, cet agriculteur bio à Fercé cultive une quarantaine de légumes et une dizaine de fruits, tout au long de l’année. Tomates anciennes, piments, melons “vieille France”, haricots reproductibles « du Portugal », courge buttercup ou autres… Ici, on privilégie la diversité, le goût, et les cycles naturels.

Samuel travaille seul. Il gère les cultures, la commercialisation, les livraisons, la communication… avec quelques coups de main ponctuels de bénévoles via le woofing en ferme bio, et deux chèvres qui l’aident à désherber. Il s’inspire du maraîchage sur sol vivant (MSV) et des méthodes de Jean-Martin Fortier, tout en gardant son autonomie : “Je prends ce qui me parle, j’adapte. Mon sol n’est pas celui du Québec.”

Pas de label marketing, pas de greenwashing : ici, on privilégie le concret. La transparence est une valeur fondatrice. Quand une culture échoue, il le dit. S’il doit compléter avec des produits bio achetés à des collègues, il l’explique. L’important, c’est la confiance. Et le goût, bien sûr.

Un lieu façonné à deux générations

Le terrain qu’il occupe aujourd’hui, Samuel ne l’a pas trouvé prêt à l’emploi. Pas de serres, pas de cabanes. Juste une vieille maison, un champ… et beaucoup à faire. Pendant trois ans, il a tout construit avec son père, alors presque nonagénaire. “On a monté les serres ensemble, planté les arbres, mis les clôtures.”

Ce temps partagé a laissé une empreinte forte. La ferme n’est pas seulement un lieu de travail : c’est aussi un lieu de mémoire et de liens. Une transmission silencieuse, tangible, ancrée dans la terre.

Des légumes bio à Châteaubriant, mais aussi des projets à la pelle

Samuel Debroise Maraicher bio Fercé

Samuel Debroise,  maraicher bio à Fercé près de Châteaubriant

Samuel vend ses légumes bio à Châteaubriant, sur le marché de la place de la Motte chaque samedi matin (hors pause hivernale), ainsi qu’en vente directe à la ferme, les mardis et vendredis soir. Il propose un système de commande via la plateforme Cagette.net, qui permet de réserver un panier de légumes et de venir le chercher sur place.

Mais ce n’est pas tout. Samuel imagine la ferme comme un lieu de vie, pas seulement de production. Il prévoit de proposer :

  • des journées d’immersion à la ferme,
  • des ateliers pédagogiques pour enfants et adultes,
  • des cueillettes libre-service de fruits rouges ou de haricots verts,
  • voire un mini-camping à la ferme, pour les amateurs de nuits simples, sous les étoiles et loin du tumulte.

“Je veux que les gens puissent venir ici, poser des questions, mettre les mains dans la terre s’ils veulent. Ce n’est pas qu’une ferme, c’est un lieu d’échange.” Il ne cherche pas à grandir, ni à devenir une “marque”. Il cherche à faire vivre un lieu, dans tous les sens du terme.

Une vision de l’agriculture qui fait lien

Samuel ne se contente pas de produire des légumes. Il cultive des liens avec les habitants, avec les institutions locales (il a collaboré avec la maison de la petite enfance de Châteaubriant, ou encore le collège Schumann), et avec ses pairs. “Je ne suis pas dans une logique de concurrence. Si je peux aider, je le fais. On a besoin les uns des autres.”

Son site internet Les Biao Jardins d’la Renaud présente son activité, ses choix, ses points de vente. Il utilise aussi Facebook pour relayer les actualités de la ferme, les infos de saison, les messages de dernière minute.

Pourquoi Fercé ?

Quand on lui demande pourquoi il a choisi Fercé, il sourit. Une histoire d’amour, d’abord. Puis le besoin de s’éloigner du tumulte urbain. Et enfin, un ressenti : celui que ce coin de bocage, à mi-chemin entre Nantes et Rennes, était fait pour lui.

“Je vis au rythme des saisons, des oiseaux, des chevreuils. Je suis entouré de haies. Ça me protège du vent… et des gens parfois (rires).” Le climat est plus doux ici qu’au nord, et le territoire, bien que rural, reste connecté à un tissu vivant : marchés, associations, circuits courts.

En résumé

À Fercé, Samuel Debroise cultive des légumes, oui. Mais surtout, il cultive du lien. Avec la terre. Avec les saisons. Avec les gens. Et si vous cherchez un peu plus qu’une tomate calibrée, vous êtes au bon endroit.

“Vous pouvez passer me voir au marché le samedi matin. Ou commander en ligne. Ou bien encore, venir à la ferme, filer un coup de main, poser des questions, voir d’où viennent vos légumes.” Samuel ne cherche pas que des consommateurs, il cherche aussi des partenaires de curiosité, des complices du vivant.

Il est joignable sur :


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